samedi 4 juin 2016

Savoir communiquer... ou pas... D'abord, ne pas nuire *_*

Mes billets me viennent toujours d'un événement émotionnellement intense.
Celui-ci n'échappe pas à la règle.

L'histoire est idiote.
C'est l'histoire d'un truc qui semble vraiment évident à une personne, mais à coté de laquelle peut passer totalement une autre, juste parce que les deux n'ont pas les mêmes modes de pensée ou de fonctionnement.

S'il y a une chose que j'ai appris au fil des années, c'est que personne ne peut ni ne doit présumer savoir comment fonctionne un autre individu. Même au sein d'une même famille.

Même si on pense connaître l'autre, même si on pense que certaines choses sont évidentes ou "logiques", elles le sont certainement pour nous, mais pas pour les autres.

Chaque personne est unique.
On peut relever certaines habitudes récurrentes, certains traits de caractère, certaines similitudes d'action par rapport à nous... mais comme chaque personne est unique, on ne peut jamais présumer savoir ce qu'elle vit, ressent, pense, comment elle va agir, etc.

[Attention, passage pour les Geeks]
Étrangement, tout ça me rappelle un épisode de "Fringe", épisode 3, saison 3.
Dans l'univers "alternatif"... titre original, "The Plateau".
Un individu déclenche des événements en se basant sur les probabilités de réactions logiques, mais commet une erreur en présumant qu'Olivia va réagir d'une certaine manière... or Olivia vient de l'univers "original" et du fait de cette différence, n'agit pas du tout selon les présomptions prédicatives du malfaiteur, ce qui permet à Olivia de l'arrêter.
[Fin de la partie télévisuelle]

Dans la vie ordinaire, les choses fonctionnent de la même façon : les présomptions prédicatives ne sont pas forcément en accord avec la réalité, différente de celle qu'on imagine.

Ou "comment laisser moisir du linge dans la machine à laver en pensant que celui qui passe derrière le verra, car c'est évident".

Pourquoi est-ce évident ? Parce que dans le noir, le voyant de la machine à laver luit très clairement. La machine à laver est dans la chaufferie. Il y a une fenêtre avec volet électrique dans la chaufferie. En venant ouvrir le volet électrique, quiconque entrera dans la chaufferie / buanderie verra bien que la machine est allumée.
Ha ? Ha ben oui, mais non... je veux dire c'est pas si évident que ça, en fait...
J'explique :

La plupart des gens ouvrent tous leurs volets le matin et les ferment le soir, dans toutes les pièces.
Me concernant, il m'arrive très régulièrement de ne pas ouvrir certains volets, situés dans des pièces dont je n'ai pas l'usage.
Comme je suis hébergée à titre gratuit dans la résidence secondaire de mes parents (future résidence principale, pour leurs "vieux jours"), je n'ouvre les volets que là où ça me sert à quelque chose : ma chambre, la cuisine, la salle d'eau, le séjour. Le reste ne me concerne pas.

Ce n'est pas par flemme que je n'ouvre pas !
Je ne suis pas gênée par le manque de luminosité (c'est plutôt le contraire) et qui plus est, certains espaces me mettent mal à l'aise.
Ce n'est pas chez moi et je respecte profondément ça.
Si j'étais en collocation, je n'irais pas ouvrir les volet des autres chambres.
Pour moi, la situation est identique.

Puisque je fréquente systématiquement la cuisine, j'y ouvre le volet roulant le matin, pour voir les roses, les chats, les écureuils. Mais je n'ouvre les volets de la porte qu'au moment de sortir.

Comme je ne fréquente que rarement le bureau ou la chambre principale, je n'y ouvre pas toujours les volets. C'est également le cas pour la chaufferie / buanderie, ainsi que pour le couloir de l'ancienne porte d'entrée. Souvent je n'y ouvre pas les volets. Aucun intérêt, aucun inconvénient.

Pour moi c'est cohérent.
Je ne fais entrer la lumière du jour que quand je sais que mon père ou ma mère vont venir.
J'ajouterais même qu'une grande partie du temps le volet roulant de ma propre chambre est fermé ou presque totalement baissé.
Que ça puisse paraître étrange, je m'en bat la bonbonnière.

Coup de bol, ce matin j'ai ouvert le volet dans la chaufferie, car j'avais Aquawork à la salle de sport, et mon maillot était à sécher là...
Alors déjà, je n'ai pas vu d’emblée le voyant de la machine à laver... Mais ouf ! je l'ai quand même vu en venant chercher mon maillot de bain...
Alors là, je me suis dis que, crotte, j'avais encooooore oublié de remettre le bouton de programmes sur "Stop". Même pas vu qu'il y avait quelque chose dans le tambour.
Ha ben ouais, hein, pas si évident que ça, finalement, non ?
Comme je laisse souvent des trucs posés sur le lave linge, bien en évidence, pour qu'ils sèchent et que je pense à les remettre dans mon sac d'aquagym, je les ai cherchés, mais je ne les voyais pas au début. Je me suis agacée parce que mes affaires n'étaient plus sur la machine, mais à coté (je n'aime pas qu'on change mes affaires de place, je suis très chiante à ce sujet)... bordélique mais chiante quand on déplace mon bordel. Le changement, c'est flippant (donc c'est pas maintenant...).
C'est seulement parce que je me suis penchée pour attraper mes affaires que j'ai vu le sac de couchage tout propre et tout essoré à travers la vitre du tambour.
o_O'
...
Je ne communique visiblement pas assez avec les propriétaires des lieux...

Je suis une brêle en communication verbale.
Pendant longtemps, je ne m'en suis pas vraiment rendue compte.
Ces temps ci, ça devient hyper clair.
Ceci dit je ne suis pas forcément très douée pour écrire aux gens, non plus.
C'est pour ça que je parle de moi... ^^'

Je suis un peu trop brute de décoffrage, même quand j’essaye de mettre les formes.
Genre j'énonce un fait qui me dérange (c'est un message à caractère informatif, pas une critique) mais sans trop savoir comment "assaisonner" le truc, alors j'ai un peu trop tendance à être neutre (faute de sel), c'est à dire que je semble froide.
C'est loin d'être le cas.
J'ai souvent très très peur de blesser les autres.
De temps à autre je grille un fusible et ça part tout seul. Je n'aime pas ça.
À force de ne pas dire les choses, j'en ai ras la casquette des "petits trucs agaçants" qui s’amoncellent et me mènent une vie impossible !
Je déteste rentrer à la maison et voir la vaisselle des autres à tremper dans l'évier.
Je n'ai pas envie de faire la vaisselle des autres.

Il m'arrive donc de laisser purement et simplement la vaisselle des autres... aux autres.
Plusieurs jours.
En lavant méticuleusement la mienne en parallèle. J'ai d'ailleurs la mienne à moi. De vaisselle.
Je n'utilise pas la vaisselle de mes parents, sauf au petit déjeuner, parfois.
Quand ça dure trop longtemps et que ça finit par m'encombrer (comme la bassine du bac de droite, qui ne me sert pas, et que je fourre régulièrement sous l'évier), je fais "la vaisselle des autres" et je tend à leur laisser la mienne, par esprit d'échange de mauvaises surprises.

Le message "évident" se voudrait "je fais ma vaisselle, faites la votre."

Sauf qu'en échange on me dit que ça serait sympa de ne pas laisser traîner ma vaisselle trop souvent. Gu ?!?

...
Rien n'est jamais "évident", quand on ne communique pas vraiment.

Dans le même ordre d'idées, je n'aime pas voir la moitié droite du frigo remplie de denrées alimentaires qui se perdent (résidence secondaire, fréquentée régulièrement, mais tout de même, je m'étonne d'une telle profusion). Mon coté (gauche) est moins rempli (et pourtant ça m'énerve quand il y a invasion... je sais, je suis chiante).

Je sais qu'on ne me dira rien si je mange des trucs de droite (du moment que je ne fais pas une razzia complète), mais ça m'agace quand même.
Je ne suis pas responsable de cette émotion.
Je n'ai pas à me sentir coupable de la ressentir ni de l'exprimer.
J'ai une impression de gaspillage (sans doute fausse, mais persistante).

Le vrai problème dans tout ça, c'est que j'ai un "chez moi" où je ne peux pas vivre et des "chez les autres".
Je n'ai pas de "chez moi" possible actuellement.
J'ai le sentiment de n'en avoir jamais eu.
J'ai 34 ans, j'angoisse à la seule idée de travailler à nouveau (là, j'ai la nausée rien que d'y penser, apprendre de nouvelles procédures, interagir avec des gens...), je vis chez mes parents.
Je me sens incapable et ratée.
En plus de ça, je n'arrive pas à me sentir en milieu favorable. Je me sens en milieu hostile, plutôt, et je trouve ça horrible de ressentir un truc pareil.

Quand je suis arrivée dans cette maison, quand mes parents l'ont achetée, mon père me disait que c'était avant tout un investissement pour leurs "vieux jours". Mon père parlait de "10-15 ans" avant de l'occuper vraiment. D'une éventuelle location à une étudiante.
Au programme d'ici là : remise en état du terrain et aménagement de la maison, des passages épisodiques de mes parents, de temps en temps. Et mon hébergement en attendant que je puisse retourner à mon vrai domicile.

Sauf que je me suis absentée un certain temps de la "TG", hébergée à la campagne par un ami, pendant une enfilade de mois... avant de revenir à la TG (abréviation de la trèèèèès longue rue). En mon "absence de présence", un certain nombre de choses avait changé.
Les habitudes de ma maman, surtout.
La maison est certes plus confortable, mais les parties communes sont devenues bien plus anxiogènes pour moi.
C'est moins neutre. C'est con à écrire, et à lire. J'aime ce qui est neutre.

L'autre vrai problème est que j'ai tendance à ne rien dire quant aux gênes que tout ça m'occasionne, parce que je me considère moi même comme une gêne pour les autres, un poids mort, un boulet.

Il y a une citation sur la franchise que je n'aime pas...
"La sincérité, c'est le projecteur sous lequel on prend des poses. La franchise, c'est l'éclair de flash qui fixe la vérité d'un instant sans prétention d'en faire un tableau." Robert Escarpit
Je n'aime pas la citation, ça ne veut pas dire qu'elle soit fausse.
Je ne l'aime pas parce que la franchise brute de décoffrage peut faire beaucoup de mal aux autres, et c'est quelque chose dont j'ai horreur.
Dire que j'aime être franche, ça serait comme dire que j'aime être méchante et sadique. Ce n'est pas le cas du tout. Je souffre beaucoup quand je fais souffrir, même quand ce n'est pas volontaire.

Pourtant certaines choses gagnent à être dites, même quand elles peuvent blesser. Car "la liberté des uns s'arrête là où celle des autres commence" et "si tu veux qu'on t'épargne, épargne aussi les autres", Jean de La Fontaine "L'oiseleur, l'Autour, et l'Alouette".

J'essaie, jour après jour de ne pas nuire aux autres, d'abandonner le passé, de vivre pleinement le présent et d'avoir confiance en mon futur. C'est un parcours semé d'embuches. Un chemin de vie, d'endurance et de chaos.

vendredi 20 mai 2016

Hypersensibilité...?

Je suis excessivement empathique et sensible. 
Suis-je pour autant "hyperempathique", "hypersensible" ou...?

Je ne sais pas.
Je ressens.
Je ressens "trop".
Ressentir autant est une chance...
Même quand j'ai l'air "froide" ou "éteinte", je ressens, j'éprouve... mes sentiments sont présents, mes sens sont aux aguets, comme hyper-stimulés...
Éprouver autant de choses est épuisant !
J'ai du apprendre à mettre le holà.
Toutefois je suis souvent abattue devant ce trop plein. Épuisée, écrasée...


Certes je suis très empathique, je ressens beaucoup, voire trop : les émotions me submergent, m'étouffent, me flinguent.
Je le réalise de plus en plus.

Le sevrage médicamenteux que j'ai choisi de suivre (antidépresseur et anxiolytique) le met de plus en plus en lumière. Je n'ai aucun regret concernant les médicaments, je reste persuadée qu'ils me nuisent davantage qu'ils ne m'apportent.

Cependant je dois me rendre à l'évidence : leur action mettait une sorte de filtre entre le monde et moi. Il a existé, pendant ces cinq années d'interférences chimiques, une atténuation de l'impact des stimuli sensoriels et cognitifs sur mes réactions émotionnelles.

Il y a des années, j'avais écris un billet sur le rire, le ridicule et la honte.
Or c'est un extrait du film "Banzaï" de Claude Zidi, avec Coluche, qui m'a violemment poussée à écrire ce billet ci. Vraiment violemment. Le voici (Dailymotion).
Pour vous dire si ça a été violent, sachez que j'ai ressenti physiquement des signes de souffrance : je me suis soudain sentie oppressée, avec une douleur intense dans la poitrine et le besoin instinctif de me boucher les oreilles et de ne plus regarder (ce n'était pas sur mon PC, je précise).

Marina, l'auteur du Blog Bleu parle très bien de l'hyperempahie dans son billet "L'hyperempathie, le doute d'être soi".

Je suis "trop sensible", "émotive", "anxieuse", "peureuse"...
Je ressens vraiment trop.
Même une fiction va générer en moi des réactions exagérées et disproportionnées.
Que ce soit un livre ou un film, une fiction ou un reportage, une autobiographie, un document, un témoignage, des situations du quotidien...

Si cet extrait de "Banzaï" m'a mise complètement en vrac, imaginez donc l'état dans lequel peuvent me mettre des situations bien réelles, dans la vie de tous les jours !

Pour la première fois, j'ai cherché le terme d'hyperempathie sur internet.
Je l'avais déjà lu dans un ouvrage de Gérard Apfeldorfer, il y a des années de ça, mais ça ne concernait pas le soucis qui me préoccupe actuelement, mais mon problème d'hyperphagie compensatoire (qui s'est apaisée)...

Je dois dire je ne me reconnais pas dans les résultats de mes recherches.
Ils ne "collent" tout simplement pas à mon ressenti personnel...
Les traits des femmes Asperger, si... (on en revient encore là).

Voir le billet du 26 août 2012 de SuperPépette (blog "Émoi, émoi et moi") et la page d'accueil du blog des Tribulations d'une Aspergirl.
Une fois de plus je vous incite également à lire les articles d'Aspergirls et, si vous en avez les moyens, les ouvrages d'Aspergirls reconnues comme Liane Holliday Willey (par exemple "Vivre avec le syndrome d'Asperger ; un handicap invisible au quotidien", traduit par Josef Schovanec (lui même autiste Asperger).

Pourquoi le qualificatif d'hyper-empathique ne me convient pas?
Entre autres, parce que, je suis capable de faire la différence entre mes propres émotions et celles des autres.
Je comprends même parfaitement que, pour les tiers, mes propres ressentis peuvent être de véritables mystères, car j'ai des réactions complètement "à coté de la plaque"...

D'après ce que j'ai pu observer, dans certains contextes spécifiques, les autres se sentent en confiance avec moi (ce qui n'est pas forcément réciproque)... ou inversement je fais excessivement confiance à quelqu'un à qui je ne devrais surtout pas me fier... genre manipulateurs et pervers narcissiques (mais bon, de ce point de vue là, je suis "chat perché" juridiquement parlant).

Heureusement la plupart du temps, mes relations avec des tiers sont "normales", même si souvent, elles restent superficielles.

J'ai pu lire qu'une personne "hyper empathique" peut se servir de son "état" pour abuser des autres...
L'idée de manipuler les autres me rebute. Pourtant je sais qu'il m'est arrivé par le passé d'agir de la sorte (involontairement, je précise), et ça me met en colère, me donne la nausée et une sorte de besoin de me punir, de me faire du mal, voire de mourir (et non, je ne dramatise pas)...

J'ai longtemps essayé d'agir (et d'être) telle que je pensais que les autres l'attendaient... mais en fait je souffre d'un grand déficit dans la compréhension des intentions d'autrui.
Je ne suis pas télépathe.
Je ne suis pas télépathe
J'ai beaucoup de mal à appréhender les émotions des autres.
Si j'arrive à me mettre à la place de certaines personnes en me posant des questions simples du style "si j'étais à sa place" (mais je n'y suis pas, ce qui complique les choses), j'arrive à agir de manière appropriée.
Je ne me sens pas non plus en accord avec la société actuelle, en particulier ses codes sociaux, la plupart du temps basés sur des absurdités et un déni total des individus.

J'ai de plus grandes facilité avec les personnes âgées, car j'appréhende plutôt bien le coté "avoir été et ne plus être".
Formulé autrement, les personnes âgées, et/ou dépendantes, sont de vraies personnes, qui ont été des enfants, des adolescents, des adultes capables d'agir par eux mêmes, et même si elles ont parfois besoin d'assistance pour effectuer des actes qu'elles accomplissaient autrefois avec simplicité et dextérité, inutile de leur rappeler la "perte" qu'elles ont subit en agissant à leur place.

D'abord proposer un coup de pouce, aider l'autre à faire lui même et seulement en dernier recours, faire à la place...

Il en va de même des personnes devenues handicapées ou même qui le sont de naissance. On ne doit pas les percevoir comme déficients, car de leur point de vue ils ne se perçoivent pas ainsi (et ne le doivent pas!) et on ne doit humainement pas les traiter ainsi. Ils sont différents et n'ont pas les mêmes besoins, voilà tout !

Je me sens à l'aise avec les personnes "différentes".
Différents mais pas déficients.
J'ai en revanche de grosses difficultés avec les personnes souffrant de déficits cognitifs et intellectuels. Je suis consciente de manquer de patience voire de faire preuve d'intolérance à leur égard. Je préfère donc éviter de les côtoyer pour ne pas les placer en situation de maltraitance. J'en souffre (égoïstement?) trop.

Bref.

Mes émotions liées aux stimuli sensoriels et émotionnels sont souvent exagérées par rapport à ce que je peux constater chez les personnes "ordinaires".

À un moment j'ai pensé souffrir d'hyperacousie, mais après renseignements, je ne suis pas certaine que ce soit effectivement le cas. En revanche je suis effectivement plus sensible que la moyenne des gens aux stimuli sonores.

J'entends mieux que la moyenne des gens.
Cela ayant malheureusement pour conséquence, me concernant, que mon esprit se retrouve avec de très nombreuses informations à traiter. Or je ne sais visiblement pas bien faire "le tri" et reste en hypervigilance, de sorte que je ne priorise pas mes perceptions.
C'est épuisant, surtout si parmi les sons qui me parviennent se trouvent des bruits imprévus et imprévisibles (sources de stress supplémentaire).

J'entends donc bien, mieux que la moyenne des gens, mais certains sons spécifiques créent chez moi des réactions émotionnelles négatives (angoisses, agressivité, colère...). Il est à noter que selon mes lectures, il s'agirait tout de même d'un trouble neuropsychiatrique.

Je souffre par ailleurs depuis l'enfance également d'acouphènes, généralement des vibrations de type "diapason". D'un point de vue purement physique, j'éprouve également des différences de pression au niveau des tympans, pouvant aller de "désagréables" à "vraiment douloureuses". Ces problèmes se manifestant en particulier quand je suis au téléphone. L'oreille opposée à celle où je tiens le combiné se bouche et se débouche constamment, ce qui est épuisant d'un point de vue sensoriel.

Pour résumer, à bien des titres, les sons représentent souvent pour moi des éléments perturbateurs.
J'adore la musique et peux en écouter à un volume assez élevé, en revanche d'autres sons, de même volume ou intensité vont générer chez moi divers malaises physiques et psychologiques. Certaines musiques également, comme c'était le cas des chansons de Mano Solo (l'artiste est décédé en 2010), souvent dissonantes.

Ceci pour l'aspect sensoriel auditif...

Je me reconnais également divers signes d'hypersensibilité aux niveau d'autres sens

Je vois mieux que la moyenne des gens (12/10èmes à chaque œil) mais je suis aussi plus sensible à la luminosité ou aux contrastes lumineux (une lumière dans la nuit suscite une névralgie oculaire très pénible).

J'ai également une grande sensibilité tactile.
Le contact de certaines matières me donne purement et simplement la nausée, accompagnée de frissons "électriques" dans tout le corps.
Je sens un moustique se poser sur mon bras avant même qu'il ne commence à piquer (lorsque je suis effectivement piquée, c'est généralement à travers les vêtements). Je suis hypersensible à ces piqures (mais pas allergique) donc elles me provoquent un œdème localisé, avec un gonflement d'un bon centimètre carré, entouré d'une plaque rouge de 5 cm de diamètre.
Je suis également hypersensible au contact de l'herbe et de la végétation en général, probablement en raison de la faune microscopique... Il me faudrait des gants d'apiculteur (avec manchettes) pour cueillir en toute sérénité de simples fleurs des champs... (et la tenue qui va avec !) le reste du temps c'est rougeurs et démangeaisons assurées sur le moindre bout de peau resté à découvert.

En outre, je suis sujette à de très nombreuses névralgies, diverses et variées, pouvant toucher n'importe quelle zone de mon corps.

Question gout, j'ai des soucis non élucidés, donc mieux vaut ne pas en parler.
Je souffre d'halitose (>>je refoule grave du bec) et je suis en plein dans les démarches visant à déterminer l'origine de cette mauvaise haleine (dentaire, gastrique ou ORL).

Pour ce qui est de l'odorat, j'ai connue une anosmie psychosomatique réactive, qui a prit fin, et je perçois désormais très bien les odeurs. C'est parfois désagréable, mais je ne pense pas que ça soit exagéré, même si j'ai des odeurs fantômes qui me flottent parfois dans le cerveau...


♦♦♦

En matière émotionnelle, je crois pouvoir dire sans me tromper que je manque de stabilité.
C'est les montagnes russes et une dichotomie noir/blanc prononcée.
Une psychiatre avait qualifié cela de "dysthymie" et j'ai également entendu le terme de "dysrégulation émotionnelle".

Chacun son vocabulaire.

Mes émotions sont à fleur de peau.
Une remarque anodine va me bouleverser...
Je ne vais pas comprendre le "second degré" d'une boutade.
Entendre quelqu'un me dire "tu as vu...?" depuis une une autre pièce me semble délirant et à la limite du sadisme...
Je vais souffrir de voir ou entendre un tiers, même inconnu, se faire rabaisser.
Les injustices me révoltent et me donnent des palpitations et des sueurs froides...

Je suis vraiment très sensible.

Voir quelqu'un être humilié, c'est comme être humiliée moi même. Virtuellement.
D'ailleurs le "truc" des étudiants de s'imaginer le prof qui fait passer l'oral nu, dans l'objectif de "dédramatiser" la situation est impossible à mettre en place pour moi. Cette seule pensée consiste en effet de mon point de vue en une forme d'agression intellectuelle de ma part à l'encontre d'un tiers, et donc une humiliation (certes virtuelle) qui me ferait perdre encore davantage mes moyens.
Oui, je sais, je suis bizarre.

J'ai également des problèmes face aux douleurs des autres... Je ressens très bien la détresse des autres mais c'est excessivement anxiogène pour moi et je peux perdre les pédales. Je suis submergée et j'ai du mal à apporter une aide quelconque aux personnes en souffrance. Je n'arrive pas à gérer ce type de situations.
Ni les enfants.

Je projette aussi mes angoisses sur certaines situations qui me feraient souffrir, mais qui en réalité laissent les "victimes" de ces situations de marbre. Je suis touchée jusqu'à l'âme, mais pas eux. C'est déstabilisant et très dur à affronter.

Pour ce qui est des situations de deuil, c'est très complexe pour moi. Je crois que je ne suis pas vraiment triste de la mort de l'être cher. Je suis triste mais je ressens beaucoup plus de choses que cette simple tristesse. Je ne suis pas vraiment triste de ne plus jamais voir la personne. Ce sont des choses qui peuvent arriver même quand la personne reste en vie. Il est vrai que je n'ai perdu ni père ni  mère, ni conjoint. En revanche trois de mes grands parents sont décédés. J'ai été très secouée par le décès de ma grand mère paternelle, mais très soulagée aussi, car elle souffrait beaucoup, et je pense que c'est ce sentiment qui a surpassé les autres.
Une chose est sûre, je suis une quiche pour réconforter les autres dans ces cas là, parce que, par nature, ils n'éprouvent pas les même pertes que moi et j'ai peur de les choquer, parce que j'ai l'air froide.

Si une personne ou un animal que j'aimais meure, je suis triste, mais j'ai beaucoup de mal à le montrer.
On me trouve froide et insensible, mais ce n'est pas le cas du tout.
J'éprouve vraiment des choses très fortes.
Mais je n'aime pas les exposer.
Ce ne sont pas des choses qui ramèneront l'être qui me manque, tandis que les souvenirs heureux, oui.
Je ne me réjouis pas de la mort, mais le décès d'une personne (ou d'un animal) en souffrance me soulage.
Je suis démunie face à la souffrance des autres (et de la mienne).
C'est une émotion que je gère très mal, donc je suis soulagée lorsqu'elle disparaît.
Même si je sais que je ne reverrais jamais plus ma grand mère ou ma belle mère, je suis soulagée qu'elles soient mortes, car je sais que maintenant elles ne souffrent plus, et cette idée m'apaise.

En ce moment je suis remplie d'émotions.
J'ai cette oppression caractéristique dans la poitrine, qui me dit que je ressens quelque chose de douloureux, mais je n'arrive pas à identifier la cause profonde de ce sentiment. Je suis seule face à mon clavier, sans distraction. J'ai la nausée. Une névralgie dentaire me perturbe, ainsi qu'une démangeaison modérée mais persistante du cuir chevelu. J'ai la peau de mon visage qui me tiraille et certains de mes doigts sont comme ankylosés. J'ai froid, bien que la température de la pièce soit confortable et que je sois suffisamment couverte. J'ai aussi une tension non négligeable au niveau des omoplates et des vertèbres dorsales, ainsi qu'une sorte de contracture musculaire au niveau du mollet latéral gauche.

Est-ce que je suis plus sensible à mon corps que la moyenne des gens?
Est-ce que la moyenne des gens se contente d'ignorer ces signaux ?
Je n'ai en vérité aucun moyen de le savoir, car je suis moi même et non les autres.

Le monde est douloureux.
La vie est douloureuse.
Mais le monde est aussi magnifiquement beau et généreux et la vie me donne envie de créer.

Cependant la vie crée également des questions sans fin auxquelles je suis en incapacité de répondre, et cela me perturbe énormément, depuis toujours. Je vis dans un nuage de questions.

Les gens sont étranges et étrangers.
Je préfère souvent les écouter (les étudier?) plutôt que d'interagir avec eux.
J'arrive à fréquenter des lieux où des interactions sont générées, du moment qu'elles restent superficielles.
J'arrive à lier des relations fortes avec certaines personnes, mais en ce cas j'ai besoin d'un investissement réciproque dans la connaissance et la reconnaissance de l'un et de l'autre. Je m'intéresse à une personne, j'ai besoin d'elle s'intéresse à moi. J'ai besoin qu'elle comprenne que, à certains moments, j'ai besoin d'isolement, de "non interaction".

Je suis amoureuse : j'ai besoin de connaître l'autre, sa vie, son œuvre, ses capacités, j'ai besoin qu'il ait le moins de soucis possible dans sa vie, parce que sinon je suis très perturbée, je cherche des solutions parfois stupides ou hasardeuses pour régler ses soucis. Je serais prête à me démunir, pour régler ses problèmes et mettre ainsi fin à ma perception de sa détresse. Égoïsme ? L'idée d'être égoïste est terrible.
C'est une situation complexe et très éprouvante.

Pour tout vous dire, je cherche encore à savoir ce que j'ai voulu exprimer dans ce billet...
Un trop plein d'émotions, sans doute.
Le besoin de recharger mes batteries dans la solitude, peut être aussi.

Et la nécessité impérieuse de relancer le Centre Expert Autisme Adultes de Niort, également...
Pas de nouvelles, mauvaises nouvelles ?

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