vendredi 22 novembre 2019

Nous changeons tous

Voici de longs mois que je n'ai pas écris.

Globalement, je vais mieux: mon implication dans le GEM Être ensemble me donne un nouveau moteur. Malheureusement, je me (re)découvre des limites handicapantes. Ma fatigabilité nerveuse est très envahissante, notamment. Je peine ainsi à être active plus de 4 heures d'affilée, sans être prise de vertiges ou d'altération de l'humeur (agressivité ou au contraire, euphorie). J'en ressens un sentiment d'échec et de culpabilité.

Certaines choses changent, d'autre non, il semblerait.

Quand j'écris que nous changeons tous, je veux parler de nos point de vue sur les choses passées.

Qu n'a jamais regardé en arrière sur sa vie et posé un regard neuf sur lui-même? Un regard critique, éclairé par une meilleure connaissance de lui même, de nouvelles connaissances des autres, d'un contexte qu'on ne percevait pas, autrefois, dans son ensemble?

Aujourd'hui je regarde en arrière et je me souviens de la personne fragile et malléable que j'ai été.

Les années de scolarité, passées à essayer de comprendre la direction que les autres aimeraient me voir prendre, travaillant bien moins pour moi même que pour satisfaire les autres...

Les années d'études supérieures, passées à essayer de surmonter mes angoisses, pour avoir un "vrai" diplôme...

Les années de vie de couple, passées à essayer de prouver que je pouvais être "normale", à essayer de satisfaire quelqu'un, sans me rendre vraiment compte à quel point cette attitude était illusoire, vaine, et déviante.

Les années de thérapies à essayer de trouver des solutions pour aller "mieux" avant même de regarder la réalité de mes troubles en face...

On ne décrit jamais le passé comme on l'a vécu.
Nous changeons tous notre regard.

Nos façons de ressentir, de voir ou de décrire les choses évoluent selon les éléments dont on dispose pour les comprendre, ainsi que du recul qu'on a sur celles-ci.

Alors, certes, les paroles s'envolent, les écrits restent...
Mais des écrits rédigés alors qu'on était dans tel ou tel état d'esprit (colère, revanche, apitoiement, joie, bonheur, dépression...), sont ils la traduction d'une réalité objective, ou simplement l'expression d'une compréhension des choses à un instant "T"?

Mon sujet de philosophie, au bac, était "Peut on mieux connaître le présent que le passé?"
Non, on ne peux pas.
On est jamais objectif dans le présent, car on ne peut en aucun cas en avoir une vision globale. On ne peut pas connaître les gens, les choses qui les motive, les émotions qu'ils ressentent, les conflits qu'ils vivent. Ce sont des choses qu'on ne peut découvrir qu'avec le temps. De même qu'on apprend à se connaître soi-même.

Je me suis toujours sue anxieuse et dépressive.
J'ai vécu dans l'illusion que ça passerais et que je pourrais un jour vivre "normalement".
Sauf que la "normale", ça n'existe pas.
Je vis aujourd'hui dans l'espoir d'être le moins mal possible, entourée le mieux possible de gens qui me comprennent au moins un peu et me soutiennent.
J'ai mis très longtemps à admettre que mes troubles anxieux et dépressifs constituaient un réel handicap, bien que j'ai toujours été en quête d'aide, parfois auprès des mauvaises personnes (au sens qu'elles ne pouvaient m'aider).

C'est d'autant plus difficile à admettre lorsqu'on connait de longues périodes où "tout va bien", avec une sorte de sentiment illusoire que les choses vont de mieux en mieux, que, quoi qu'on fasse, ça va continuer à aller mieux.
Lorsque l'effritement se produit, que l'anxiété et la dépression réapparaissent, on se retrouve au bord du gouffre et on ne regarde plus les choses que l'on a fais, dis ou écris de la même façon. C'est comme si la personne qu'on est, que je suis, n'était plus la même. C'est absolument terrifiant.

En ce moment, je suis en train de refaire mon dossier MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées). Je demande à être reconduite dans mes "droits": une reconnaissance de handicap (entre 50% et 79%), la RQTH (Reconnaissance de Qualité Travailleur Handicapé), éligibilité à l'AAH (Allocation Adulte Handicapé - je précise cependant que, depuis octobre 2016, je ne perçois plus cette allocation, ayant d'autres revenus par ailleurs... cependant y être éligible compte malgré tout). Je demande aussi une carte de priorité, dont je me garde bien d'abuser, mais qui me permet de faire certaines choses que j'évite purement et simplement, sans cela. Rassurer vous, il ne s'agit en aucun cas de stationnement ou de places assises, mais principalement du droit de couper une file d'attende en cas de crise d'angoisse. C'est aussi par exemple utile quand je fais une crise de mutisme nerveux.
L'établissement de ce dossier, c'est aussi l'occasion pour mon psychiatre de communiquer avec mon médecin traitant.

Cette démarche, ça n'est pas pour les autres que je la fais. Je n'ai rien à prouver à qui que ce soit. C'est pour moi, d'abord et avant tout.

En aucun cas, ce n'est une question d'argent, puisque justement, je ne perçois aucune allocation, que ce soit l'AAH, l'APL ou autre. C'est une question de limites à connaître et à respecter, ou a savoir titiller si nécessaire, tout en ne culpabilisant pas d'échouer. Essayer, c'est toujours important.
Je suis contente et fière d'avoir essayer de travailler (et d'essayer encore dans l'avenir?), même si je sais que ça me rend malade physiquement et psychiquement, que ça m'angoisse beaucoup et me conduit généralement à un état dépressif.
La reconnaissance de handicap ne définit pas mes empêchements, elle m'offre à mieux me connaître et mieux être connue de mon entourage social.

Je choisi d'avancer, en acceptant que nous changeons tous.
Je n’effacerais pas les choses qui se sont produites, la façon dont je les ai vécue ou interprétées.
Ce n'est plus moi, je vais vers l'avenir.
Advienne que pourra.

Je ne nie pas avoir émis des jugements déplacés, à des moments où j'étais absolument certaine d'avoir raison, puis d'avoir -sinon changé radicalement d'avis, au moins- changé mon degré de perception et donc d'expression.
Nous changeons tous: Nous révisons nos opinions et jugements, en fonction des nouveaux éléments qui nous sont révélés, ainsi qu'en fonction de nos émotions.

J'ai cru un long moment que ça avait une quelconque importance, que je sois au non "aspie" (touchée par le syndrome d'Asperger), mais ça n'en a en fait aucune. Ce qui compte, c'est que je souffre de troubles névrotiques sévères qui altèrent ma qualité de vie. Un "trouble anxieux et dépressif avec une prédominance sur la sphère phobique sociale avec agoraphobie". Un "trouble de l'adaptation", aussi. Je suis parfois "trop empathique" et j'ai du mal à "anticiper les limites affectives nécessaires"... Un état qui est susceptible d'alimenter diverses manifestations psychosomatiques, mais aussi un fort sentiment d'échec et de culpabilité. Un fonctionnement qui a malheureusement pour conséquence d'occasionner un risque de décompensation dépressive.

La plupart du temps, j'aborde la vie quotidienne seule. Parfois, pour des choses qui sortes de mes habitudes (prendre rendez-vous pour changer mes pneus, par exemple...), je suis obligée de me faire aider, parce que ça me met en panique totale...
Même quand je suis en groupe, je ne me sens pas intégrée et je vis les choses avec anxiété.
J'essaye cependant de vivre sans dépendre totalement des autres, alors que c'est ce que j'ai fais la plus grande partie de ma vie (mes parents, ma sœur, tous les hommes avec qui j'ai entretenu une relation...). Parfois par simple "confort", pour éviter d'avoir à prendre des décisions par moi-même, d'autres fois pour contourner mes angoisses et souvent par "obédience", comme si l'autre était une puissance spirituelle qui avait le pouvoir de m'indiquer "la" Voie à suivre. Une partie de moi voulait croire que, en suivant les préceptes de cet autre, j'irais mieux. Les hommes se sont succédés dans ma vie, et ce depuis depuis mes 16 ans, mais je me suis toujours fourvoyée. Aujourd'hui, j'essaie de vivre les choses de façon différente, moins fusionnelle, préservant mes opinions et mon identité.
J'essaie de ne pas toujours m'appuyer sur les mêmes personnes, aussi...
Mais j'ai conscience de rester en quête d'approbation sociale, et de "validation" de mes choix.

J'ai beaucoup changé, ces dernières années.
J'espère que c'est en bien.

Je continue d'y travailler...

mardi 11 juin 2019

Chaleur enveloppante

Assise en tailleur, penchée en avant, les coudes en appui sur mes genoux.
Le ronronnement apaisant du chauffage de la salle de bain se mêle au chant de l'eau qui jaillit au dessus de moi.
La baignoire m'enveloppe confortablement.
Je me balance lentement au rythme de mon cœur, les yeux clôt et couverts de mes mains.
J'aime le bruit que ça fait, cette rythmique des gouttelettes, ce ronronnement mécanique, l'écoulement de l'eau dans le siphon.
J'aime les sensations qui parcourent ma peau, jusque sous mes pieds.
Hypnotiques.
J'aime arrêter de penser, ressentir mon corps, et me balancer, ressentir la pression de mon propre corps, replié sur lui même, ressentir la pression des innombrables gouttes sur ma peau, la pression de l'eau accumulée entre mes fesses et la baignoire, et le vide entre mes jambes, là où aucun obstacle n'empêche l'évacuation.
Si seulement je pouvais vivre ça en circuit fermé...
Mais ça n'est pas le cas.
Même en ouvrant au minimum le robinet, en limitant la pression, c'est quand même une quantité considérable d'eau potable qui est gaspillée.
Culpabilité. Un peu.
Sortir de ce cocon de bien être est ardu.
L'impulsion vient d'un détail.
Cette fois ci, c'est l'arrêt du radiateur.
Je me redresse, m'étire, m'ébroue, m'essuie, puis m'enveloppe dans un peignoir rose épais.

Je voudrais une bulle où me lover en chien de fusil, où je serais arrosée d'une très fine pluie d'eau chaude dans une pénombre apaisante.

Je voudrais une douche cocon, comme celle de Arina Komarova...

À défaut, j'ai une baignoire.

http://www.journal-du-design.fr/design/design-cocoon-shower-par-arina-komarova-3377/

lundi 25 février 2019

Deroxat® je te h...aime

Début 2016, après quelques années sous anti-dépresseurs (Seroplex®, tout d'abord, puis Deroxat®, après un très bref et délétère passage sous Prozac®), j'ai estimé que j'allais mieux et demandé à arrêter le traitement.

Mes motivations me semblaient simples et justes.

Pour commencer, je me "sentais mieux".

Ensuite, je ne vivais plus avec mon mari. Or, dans la mesure où j'avais "commencé" à prendre des traitements régulateurs de l'humeur au court de notre relation, j'estimais qu'il avait beaucoup contribué à ma mauvaise santé psychique.
Je met des guillemets au verbe "commencer", car en réalité, les choses sont plus complexes.

Autre raison de ma volonté d'arrêter, après avoir vu mon poids grimper à 96 kilos, j'étais redescendue à 79 kilos, mais mon poids stagnait, et il était facile d'accuser la Paroxétine de cet état de faits.

Cependant...

Je me sentais mieux, certes, mais j'étais sous traitement.
Difficile donc d'être tout à fait certaine que c'était mon état de santé mentale qui s'était amélioré, plutôt que mon équilibre neuro-chimique qui avait trouvé une certaine stabilité, grâce à l'ingestion quotidienne d'un ISRS (inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine).

Le fait d'être séparée de mon mari jouait en effet sur mon humeur, mais aussi le fait que je me sente libre d'exprimer mes sensations et mes émotions. Pouvoir dire les choses sans dissimulation, sans me trahir pour plaire à une autre personne, c'était véritablement libérateur, et donc facteur d'un bien être certain.
J'étais sortie d'une relation en huis-clôt et je (re)commençais à voir le monde, bien que ce fut quasi exclusivement par le truchement d'une seule et unique personne. Cette forme de liberté ne pouvais que me faire me sentir "vivante".

Toutefois, cette relation était complexe et délétère : j'avais du mal à exister en dehors de l'autre.
Sans réelle indépendance, je ne vivais pas vraiment là où était fixé mon lieu de résidence, pour des questions de difficulté de cohabitation dans une maison où je ne me sentais pas vraiment "chez moi". Il faut dire que cette expression n'avait plus de sens depuis des années.
Vivre chez ses parents, fut-ce dans leur résidence secondaire, à 33 ans, ça n'est pas particulièrement confortable.
Mais se faire héberger par un tiers dans une maison éloignée de tout n'est pas mieux. Si je le faisais, c'était avant tout dans une quête de réconfort et de reconnaissance, dont il est peu à peu apparut que je ne bénéficiais en réalité pas du tout. Ni réconfort, ni reconnaissance, ni encouragements. Je subissais au contraire, sans savoir comment les contrer des reproches à peine déguisés exprimés l'air de rien aux moments où ils me faisaient le plus souffrir.
Certes j'avais perdu du poids et je restais "bloquée" à 79kg... Mais j'étais extrêmement sédentaire, réfugiée dans une propriété au milieu des champs, dont je ne pouvais sortir qu'en voiture. Qui plus est, il est difficile de limiter son appétit quand on partage la table d'une personne qui a une dépense calorique de manutentionnaire.

Mais au delà de tout ça, non, je n'ai pas "commencé" à prendre des médicaments pour réguler mes troubles anxieux et dépressifs en 2009.

La toute première fois que j'ai pris "quelque chose" destiné à réguler mon anxiété, j'avais 13 ou 14 ans et j'étais au collège.
C'était très léger mais ça m'avais fait un effet salutaire.
J'en veux un peu au médecin de famille de ne pas avoir été très clair au sujet de cette prescription.
Deux fois par jour, je prenais mes ampoules d'Oligosol Lithium.
Sous cette forme, le lithium est un "modificateur de terrain", plutôt qu'un médicament de l'anxiété.

À la même période, j'avais déjà commencé à suivre une psychothérapie. Inefficace, puisque je n'abordais jamais les choses les plus problématiques de mon existence, incapable de les identifier moi-même, et ne correspondant pas aux problèmes "classiques" d'une ado de cet âge (problèmes relationnels avec mes pairs, incompréhension des codes sociaux, etc).

Par la suite, à 16 ans, j'ai commencé à prendre des compléments de magnésium et de vitamines B (lesquels contribuent au fonctionnement "normal" du système nerveux, favorisant ainsi la réduction de l'anxiété). On m'a également encouragée à "me détendre".

Pour que je passe le permis de conduire, on a ajouté de l'Euphytose.

Quand je me suis retrouvée confrontée à l'imminence du baccalauréat, j'ai découvert (très fugacement) le Zoloft® et le Stilnox®, avant de prendre du Lexomil® à hauteur de quatre quarts par jour (matin, midi, soir, coucher) voir six, les jours d'examen (un quart, vingt minutes avant les épreuves).
Ça a été une sorte de révélation: je n'avais jamais vécu sans anxiété. Le Bromazépam (Lexomil®) m'en avait libérée.
Mon été a été assez aventureux "grâce" à cette molécule.
Cependant j'ai développé une dépendance psychologique à cet anxiolytique.

Par la suite, j'ai également expérimenté : Stresam®, Veratran®, Lysanxia® (anxiolytiques); Stablon®, Seroplex®, Prozac®, Deroxat®, Effexor® (antidépresseurs).



J'ai aussi essayé les plantes, sous forme de spécialités telles que l'Euphytose®, de tisanes, comprimés, gélules. La seule que je n'ai pas testée est le millepertuis, pour la simple raison que je bénéficie d'une contraception hormonale depuis mes 16 ans, d'abord orale, et depuis 3 ans, intra-utérine. Or le millepertuis altère l'efficacité de ce genre de dispositifs.

D'ailleurs, pourquoi tout ce bla-bla ?

Malgré tous mes efforts pour me séparer du Deroxat® en 2016, je souhaite recommencer à en prendre.

Je vais avoir 37 ans fin juin prochain.
Mes TAG me pourrissent la vie et je me sens en souffrance psychique. Je suis déprimée et fatiguée, je souffre de somatisations très gênantes au quotidien et j'ai du mal à envisager un avenir radieux, malgré mon caractère super optimiste.

En 1998-1999, quand j'étais au lycée Marguerite de Valois, je passais tout mon temps libre seule, isolée des autres. De temps à autres, en cours, je perdais tout contrôle de moi même et éclatais dans des colères dévastatrices qui me laissaient épuisée. Un vraie loque. On m'accompagnait alors ans un état second à l'infirmerie, où les infirmières scolaires ne pouvaient rien faire d'autre que me faire m'allonger à l'écart, le temps que j'évacue toutes les tensions accumulées, en pleurant puis en dormant.

Un jour, j'ai fais une de ces "crises de nerfs" en cours de sport. On voulait me faire jouer au volley. Or j'ai une peur pathologique des ballons (encore aujourd'hui). La prof trouvant que je ne "faisais pas assez d'efforts" (inconsciente de ma phobie), a voulu me "pousser" à "jouer".
Un blanc reste dans ma mémoire.
Je me souviens des déléguées de classe m'aidant à rejoindre l’infirmerie, titubante.
Je me souviens que j'ai dormi, très longtemps, jusqu'à ce que ma mère vienne me chercher, parce que je n'étais pas en état de rejoindre l'internat ce soir là.
Je me souviens des paroles des infirmières, qui ne savaient pas que j'écoutais.

"Votre fille ne va pas bien, madame. On la voit souvent, mais on ne peut rien faire. Elle souffre et il lui faudrait vraiment un traitement pour l'aider".

Je me souviens qu'on en a un peu parlé à la maison. Mais je ne voulais pas de médicaments. Rien de plus fort que des plantes.

Je pensais que si j'allais mal, c'était de la faute des autres, qui ne me comprenaient pas. Je pensais aussi que j'arriverais à aller mieux en "faisant ce qu'il fallait".

Je n'avais que 17 ans et ne savais pas grand chose des maladies psychiques. Mes Troubles Anxieux Généralisés étaient loin d'être diagnostiqués, de même que ma dysthymie. Bien que j'ai toujours été anxieuse et facilement déprimée, je ne me rendais pas compte de l'importance de ce toujours.

Aujourd'hui la chronicité de mes troubles et leur évolution mouvante à travers le temps me permettent de regarder les choses avec plus de discernement.

De tous les traitements que j'ai pu expérimenter dans ma vie, le Deroxat® est encore le médicament qui m'ait le mieux aidée. Bien que son arrêt m'ait couté bien des efforts, je pense que c'est le traitement qui me conviendrait le mieux dans la durée. Une durée probablement à très long terme, pour ne pas dire à vie.

Mon cerveau a toujours mal fonctionné. Il a besoin d'aide.

Si j'étais née avec un pied en moins, je ne pense pas que je me serais acharnée pendant 37 ans à essayer de vivre sans prothèse. Au contraire, j'aurais grandit en voyant la technologie évoluer, je me serais approprié l'outil comme une extension de moi même.

Un "anti-dépresseur" (un régulateur de l'humeur, plutôt), pour moi, ça n'est pas une pilule du bonheur. C'est simplement ce petit coup de pouce qui m'aide à me sentir bien, à ne pas dérailler alors que tout va bien.

Bref.
Il est temps que je fasse la paix avec mon cerveau.

samedi 9 février 2019

(In)confortable anesthésie des émotions

Quand j'étais en cinquième, je suis allée voir avec ma classe le film "Edward aux mains d'argent".
J'ai adoré le film.
J'ai détesté le retour en bus.

J'avais profondément ressenti le film, et surtout l'allégorie de la Différence, de tout ce qu'elle suscite comme réactions chez les Autres... mais qui plonge dans la solitude.
Je ne souhaite pas écrire mon analyse du film, qui reste un des meilleurs de Tim Burton à mes yeux.
Ce que j'ai éprouvé ce jour là, a été explosif. Libérateur par certains aspects, mais "destructeur" dans l'immédiat pour moi.
Tout du long du trajet en bus (une vingtaine de minutes), j'ai pleuré.
Que je puisse être émue à ce point par un film dépassait totalement mes camarades de classe. D'où une réaction immédiate : la moquerie.

J'en ai beaucoup souffert. Ce jour là, et d'autres encore.
L'incompréhension de mes pairs face à mon hypersensibilité m'a amené à me "blinder", pour ne plus rien ressentir, parce que je savais que j'étais dans des extrêmes. Bien sûr, je ne me l'expliquais pas ainsi à l'époque.
J'ai souffert, alors j'ai réagi pour (essayer de) ne plus souffrir du regard des autres.

Ces dernières années, je me suis réfugiée derrière plusieurs blindages pour ne pas ressentir trop de choses. Non pas pour me protéger des autres, mais bien de moi.

En effet, plus le temps passe, et plus je me sens sensible.
Par certains aspects, c'est formidable.
Formidable de pouvoir ressentir des émotions à la lecture d'un roman ou au visionnage d'un film, l'écoute d'un reportage ou tout autre média...
Terrible parce que parfois c'est violent et éreintant.

Je sors d'une séance de ciné.
"Les Invisibles".
Je ne serais pas la seule à avoir été profondément émue par ce film.
Bon j'étais la seule à sortir de la salle en larmes.

Première pensée qui me soit venue, au volant de ma voiture : je passe beaucoup (vraiment beaucoup trop) de temps à jouer à un jeu féérique sur mon PC ces derniers mois (mais avant ça, c'était autre chose) pour une raison... Ne pas penser, surtout, ne pas ressentir (le monde, les gens, les événements, les petits "rien", les minuscules "tout"... ne pas me laisser effleurer par les mille et unes choses que la plupart des gens ne ressentent pas. Qui me bouleversent, me chavirent, me révoltent, me basculent dans la quatrième dimension, me titillent, m’agacent, me transcendent...

Technique utilisée en pure perte: lorsque mon quotidien laisse une place à l'imprévu, à l'imprévisible, aux situations émotionnellement incontrôlées, les choses prennent soudain toute la place. Les émotions, agréables ou désagréables prennent le dessus.

Je crois même qu'à faire l'autruche, j'empêche l'agréable d'émerger, au profit de désagréable.

Il est temps que je réapprenne à m'émerveiller.

dimanche 6 janvier 2019

Renouvellement dans la continuité

Ces derniers temps, je vais mieux.

En grande partie grâce à une grande volonté d'aller de l'avant et une certaine résilience par rapport à mes expériences passées.

Par ailleurs je m'investis peu à peu dans la participation, de plus en plus active ces temps derniers, à la vie d'un GEM (Groupe d'Entraide Mutuelle). J'en ai parlé en septembre et en reparlerais dans un autre billet.
Globalement je commence à prendre des repères nouveaux dans ma vie, gages d'une certaine stabilité.

Cependant, après une période sans aucun traitement médicamenteux (ni anti-dépresseur ni anxiolytique), j'ai bien du me rendre à l'évidence que je n'y arrive pas.

C'est ainsi que j'ai tenté de reprendre un traitement anti-dépresseur à visée anxiolytique, d'abord du Seroplex (que j'avais déjà pris entre 2011 et 2015, avant de connaître un changement au profit du Deroxat en 2015)... Mais j'avais connue une importante reprise de poids, et donc arrêté... Malgré tout, j'ai du me rendre à l'évidence : sans aucun traitement, j'ai du mal à tenir la route. Alors j'ai demandé à mon médecin traitant de me prescrire du Stresam (Etifoxine), et très vite après, mon psychiatre a introduit de l'Effexor (Venlafaxine). Je prend donc une très faible dose de celui-ci (37,5mg/jour), ce qui a assez brièvement (quelques mois) suffit à modérer mon anxiété et la déprime associée...

J'ai senti une amélioration dès le début avec un très faible dose, c'est à dire 37,5mg/jour.

Mais également des effets secondaires non négligeables, dont une augmentation importante de la fréquence des mictions, en particulier la nuit.

Lorsque j'ai augmenté les doses à 70mg/jour, je me suis mise à me réveiller en moyenne trois fois la nuit pour aller faire uriner, alors même que je ne voyais pas de différence importante au niveau de l'anxiété, alors j'ai fais le choix de revenir à 37,5mg/jour.

La fréquence des mictions a diminué. Mais ça n'est pas revenu vraiment à la normale.
Sachant que la "normale" est à peu près de cinq mictions par jour environ, alors que j'en ai dix à douze par période de vingt-quatre heures. Aïe.

Au début, je me suis dis que ça irait quand même.
Après tout, dans la journée je gère mes activités à peu près librement, et la nuit, bah je me rendors assez facilement.

Malheureusement j'ai commencé à avoir une inflammation de la vessie, à cause de ces très (trop) fréquentes mictions.

Je fais également un peu (plus) d'hypotension orthostatique, ce qui est un effet secondaire assez commun de la Venlafaxine.

Seulement ce n'est pas tout.

Ces temps ci je suis plus sensible émotionnellement parlant : je pleure facilement et je suis très fatiguée.
L'Effexor me cause des effets secondaires qui altèrent ma qualité de vie alors même qu'il ne me rend pas le service attendu : l'anxiété a changé de forme mais reste majeure.

Depuis peu, je présente une somatisation "nouvelle", que j'ai d'abord mis sur le compte de la vilaine rhinopharyngite que j'ai traînée tout le mois de décembre. En effet j'ai la très désagréable sensation d'avoir quelque chose de coincé dans la gorge (vous savez, la fameuse "boule dans la gorge"). J'avale sans cesse et essaie de me débarrasser de cette sensation, sans succès. Le rhume est passé, mais pas ça. Et pour cause : rien à voir avec ce rhume, en fin de compte.

La sensation de bolus (ou "globe hystérique") est une somatisation assez classique de l'anxiété, et pas du tout liée aux affections respiratoires. Or le fait est qu'aucun médicament (antidouleur ou autre) ne me soulage, tandis que quelques exercices de relaxation atténuent nettement le symptôme.

2019 commence...

Mon anxiété reste chronique, avec de nouveaux moyens d'expression.

Le renouvellement dans la continuité, en quelque sorte.

J'en suis attristée, mais je préfère ne pas m'attarder là-dessus, et aller de l'avant.

Globalement ma vie s'est améliorée ces dernières années.

Je me comprends mieux et offre la possibilité à mon entourage de mieux me comprendre également, je continue de tâtonner avec l'aide de mes médecins dans la prise en charge de mes troubles anxieux, et il n'y a pas de miracle en la matière. J'aimerais bien, mais ça ne fonctionne pas comme ça.

Peu à peu, j'avance.


mardi 1 janvier 2019

Bonne année





Coucou 😁

Bon ben tout est dit. 😗

Une bonne et heureuse année 2019, avec la santé, surtout, et tout et tout, hein.